Le Defender 90 V8 : inutile, donc indispensable ?
Il y a des voitures qui font appel à la raison, et puis il y a ce Defender 90 V8. Court, haut perché, totalement excessif… mais aussi incroyablement attachant. Parce qu’au fond, ce n’est pas toujours la logique qui déclenche une passion. Et ça, Land Rover l’a bien compris !
Objectivement, ce Defender 90 V8 est une absurdité roulante. On parle ici d’un 4x4 de 4,32 mètres de long, pesant plus de 2,5 tonnes, animé par un V8 5.0 litres compressé de 525 chevaux. Le tout avec une carrosserie aussi profilée qu’un frigo américain. Résultat ? Un 0 à 100 km/h expédié en 5,2 secondes, dans une sorte de grand écart mécanique entre le bon sens et la passion. Et croyez-le ou non : c’est génial !
Le moteur, d’abord. Il gronde, il claque, il chante… à tel point qu’on se surprend à rétrograder juste pour l’écouter. Les palettes en aluminium (belles et bien placées) incitent à jouer. Et ce bruit, c’est la bande-son d’un monde qui disparaît peu à peu. Un monde où les voitures ne devaient pas toujours justifier leur existence.
Le Defender 90 est la version trois portes du Defender. Une carrosserie « courte » qui n’a pas grand-chose de rationnel. Accéder aux places arrière ? Un sport à part entière. Le coffre ? Symbolique. Et l’habitabilité arrière ? Un rappel que ce modèle n’a jamais été pensé pour les familles nombreuses. Bref, on est loin de la praticité d’un Defender 110 ou 130.
Mais ce format compact a un avantage : il rend l’expérience encore plus fun. Plus maniable, plus agile dans les virages, le 90 donne l’impression de conduire quelque chose de spécial. Sur route sinueuse, on oublie vite qu’il s’agit d’un baroudeur de luxe. C’est presque un jouet pour grands enfants, un jouet qui rugit et vous colle un sourire idiot sur le visage à chaque accélération.
L’intérieur, lui, n’a rien de délirant. Au contraire, c’est du Land Rover pur jus : bien fini, bien pensé, bien équipé. Les sièges maintiennent correctement, les matériaux sont solides, et il y a ce mélange de robustesse et de raffinement qui donne au Defender sa vraie personnalité. Ce n’est pas une caricature de 4x4 rustique ni un salon roulant aseptisé. C’est un bel équilibre. Et puis il y a les petits détails qui comptent : les poignées métalliques, les vis apparentes, les inserts mats… On sent que ce Defender ne cherche pas à faire semblant. Il assume ce qu’il est, même dans sa version V8.
Esthétiquement, il faut trancher. Diego adore, Noah beaucoup moins. Le Defender 90 V8 attire les regards, c’est certain. Il fait tourner les têtes, surtout dans cette configuration musclée avec quatre sorties d’échappement, de grosses jantes, et une teinte sobre qui cache mal son tempérament. Mais cette gueule clivante fait partie du charme. Ce n’est pas un SUV quelconque, il ne cherche pas à plaire à tout le monde. Et honnêtement, c’est rafraîchissant. Dans un monde automobile de plus en plus normé, le Defender 90 V8 est un ovni, une déclaration d’amour aux choix radicaux.
La vérité, c’est que ce Defender ne répond à aucune logique. Il consomme comme un porte avion (plus de 15 litres aux 100km sans forcer), coûte plus de 140.000 €, et n’apporte rien qu’un Defender diesel ne puisse faire, à part la déraison. Mais c’est justement ça qui le rend irrésistible. Il n’essaie pas de tout faire mieux. Il propose simplement une expérience unique, brutale, un peu absurde… et totalement grisante. Le genre de voiture qui vous fait aimer la conduite, même pour aller chercher du pain. Et surtout, il existe. À une époque où chaque nouveau modèle semble passer par un filtre d’optimisation, où tout doit être « efficient » ou « raisonnable », le Defender 90 V8 est une bulle de liberté mécanique.
Le Defender 90 V8 n’a pas sa place dans le monde actuel. Et pourtant, c’est justement cette incongruité qui en fait un coup de cœur. Parce qu’il est absurde, bruyant, exagéré. Parce qu’il n’a rien à prouver, et qu’il s’amuse juste à être ce qu’il est. Alors non, ce n’est pas le Defender qu’on recommande à tout le monde. Mais c’est celui qu’on n’oubliera jamais. Bravo Land Rover, et merci de continuer à oser.













